Ce site donne des clés pour ne pas souscrire aux réseaux et autres sites de rencontre sur internet : l'heure est à la révolte et à la réapropriation des espaces matériels d'échanges !

Ce site n'est aucunement affilié à un site de rencontre.

L'auteur de ce site est un homme de 33 ans qui a testé quelques-uns de ces sites avec une approche très franche et humaine. Tous les contacts qui auront pu être noués n'ont jamais abouti à une rencontre physique, et très rarement seulement à quelques échanges de mails. Il n'y aura donc pas d'annonces sulfureuses et de récits d'expériences scabreuses, certains se souviendront d'une bombe à retardement qui avait fait beaucoup de bruit en 2005 autour du site qui se déclare leader des sites de rencontres sur internet et qui livrait quelques secrets d'organisation pour bien gérer une vie sociale, (enfin disons plutôt "intimement relationnelle"), très remplie grâce aux outils de communications.

Le propos de ce site n'est nullement d'abonder dans ce sens.

Internet tue l'amour est un essai, une reflexion, sur la condition humaine, les rapports qu'entretiennent les individus entre eux (dans une approche amoureuse s'entend), les rapports entretenus et maintenus par la société, les illusions et les petites lâchetés véhiculées par les outils de communication dits sociaux.

Comme tout le monde en 2007, j'ai dans mon entourage de nombreuses personnes qui ont essayé, essaient ou essaieront peut-être de trouver l'âme soeur via des sites de rencontres sur internet. Pour celles de mes connaissances qui sont encore en couple après une rencontre dans le cyberspace, rien d'original, elles mènent des vies de couple qui n'ont plus rien de virtuelles (même si internet peut parfois poursuivre son oeuvre de tue l'amour, j'y reviendrais).

Par contre, le plus gros changement concerne bien sûr la sacro-sainte "mise en relation" de deux individus.

Je tiens à préciser s'il en était besoin, que beaucoup d'individus font l'amalgame entre "rencontrer quelqu'un sur internet" et "trouver l'âme soeur sur internet". Or, même si, excitation purement "intellectuelle" sans doute, certains peuvent tomber amoureux à la vue d'une photographie, ou peut-être parfois plus progressivement, à la lecture de messages, que le but de ces sites de rencontre tant décriés ici est bien de mettre en relation des personnes au travers d'un espace d'échange commun : leur site sur internet.

Les éléments "hors" sites de rencontres : la maitrise matérielle et logicielle.

Même si internet est au coeur de plus de 50% des foyers français, l'utilisation et la maîtrise des techniques et des outils qui permettent d'y accéder ne sont pas uniformes, et on passe bien trop souvent sous silence le facteur experience en tant qu'internaute et en tant qu'utilisateur d'un site de rencontre sur le net.

Les éléments hors sites de rencontre : le budget.

Posséder un ordinateur a un coût, être abonné auprès d'un fournisseur d'accès à internet également, posséder les outils permettant de diffuser son image également (appareil photo, scanner, ou appareil photo numérique, webcam...), tout comme, maillon final de la chaîne, l'abonnement à un site de rencontre sur le net (même si, bien sur, certains restent gratuits.)

Les éléments hors sites de rencontre : soi-même.

On est, je suis, tu es, ils sont, et il faut bien vivre avec. Comment vous perçevez-vous ? Etes-vous bien dans votre peau ?

Les éléments des sites de rencontre : la catégorisation.

Internet s'appuie sur des machines pour relayer des informations envoyées par d'autres machines sur des réseaux distants interconnectés. Là où je veux en venir, c'est que l'homme, encore une fois, doit s'adapter à l'outil s'il veut pouvoir en tirer des bénéfices. C'est à dire que pour décrire (à l'ordinateur, au réseau, à l'ordinateur de celui qui lira), votre complexité profonde et riche, il vous faut tout réduire à une série de paramètres, carte d'identité (taille, poids, age, ville, sexe, couleurs des yeux etc) puis la série des "j'aime / j'aime pas", la série des "ce que je cherche / ce que je veux éviter", le sacro-saint champ de description "libre" (nous y reviendrons), et souvent une pléïade de gadgets interactifs.

Comment peut-on accepter, lorsque l'on cherche à rencontrer l'Amour sur internet, d'admettre que des machines puissent trouver des profils ciblés sur une affaire aussi complexe ? J'entend bien que ces même machines font le même travail de pré-selection depuis des années pour le recrutement par exemple, mais où va la déontologie et le respect de la vie (privée) ?

Digression 1 : Ces mêmes logiciels et solutions de e-recrutement ont depuis leur apparition bien évolués évidemment, mais toujours dans une logique "gendarme et voleurs", puisqu'il est facile de se créer de faux profils dans le seul but d'attirer l'attention et nouer le contact. Le procédé n'est pas nouveau, certes non. Par contre, l'apparition de sociétés de contrôle de ces déclarations de profils appliquée au traitement automatisé des données l'est. C'est à dire que les gros employeurs soumettent votre candidature à la loupe d'enqueteurs chargés de vérifier vos dires. Si cela devait se propager aux sites de rencontres, il n'y pas de raisons pour que cette éventualité ne s'applique pas. En effet, des compagnies informatiques sont bien parvenues à "baillonner" l'opinion publique sur l'affaire de système d'exploitations utilisant des procédés de vérification uniques (authenticité matérielle et logicielle de vos ordinateurs > vous, utilisateur final, pouvez être clairement identifié si besoin en était) en jetant l'opprobe sur la peste des courriels non sollicités (le spam) et autres dangers, risques et menaces informatiques (vers, virus, chevaux de Troie, etc). Ainsi, toujours sur la base de la terreur, ici prenant la forme du mensonge, de la trahison, les sites de rencontre proposeront-ils un jour l'option "membre approuvé" (tout en vous faisant payer un supplément, autant aller jusqu'au bout), c'est à dire, osons-le, "tous fichés" ? Les sites de rencontres sont des mines d'informations. Les sites de rencontres bassinnent à longueur de pages web leurs membres que si l'on souhaite élargir ses chances de trouver l'ame soeur, il faut bien méticuleusement renseigner tous les champs.

En gros, c'est la fin des Renseignements Généraux : chacun va bien sagement remplir sa fiche. Et pourquoi pas ? Un homme politique actuel d'envergure dirait sûrement "et bien oui, allez-y ! Avez-vous quelque chose de répréhensible ? Quelque chose à cacher ?" La plupart du temps, au moment de remplir sa feuille, non bien sûr. Mais que savons-nous du traitement de toutes ces informations que nous communiquons à des machines ? Qui contrôle ces machines ? Qui peut avoir accès à ces machines ? Quel sont les barrages à une utilisation abusive (à des fins marketing, à des fins statistiques - c'est pareil ? - à des fins policières, etc...) de ces données ? Ces barrages (comme la CNIL) sont-ils indépendants, solides, perennes ? Ne risquent-ils pas de changer, ne serait-ce que dans 2 ans, 5 ans ? Où seront nos informations alors ? Entre quelles mains ?

Bref, le plus gros inconvénient, c'est bien sûr d'avoir un rapport de force biaisé dans la relation interconnectée : je me présente à visage découvert, mais tu avances masqué.

Sous-problème : connais-toi toi-même. (cf. "soi-même")

Problème secondaire qui en découle : savoir se vendre.

Marketing, communication : aujourd'hui, dans nos pays riches très bien développés, ces deux termes règnent sur le secteur tertiaire et sur le monde.

Comment se vendre sur internet ?

On ne se trouve pas beau(belle), on a des choses à cacher, on ne veut pas être reconnu par des proches... > Pas de photo sur le profil

Très rarement cet exemple souffre une exception : les individus qui se trouvent beaux (et ils peuvent bien sûr l'être) mais qui ne souhaitent pas que cet avantage immédiat ne nuise à leur recherche en amenant son lot de prétendants saisis par tant de beauté...

Déjà, sans photo, c'est faire plus confiance encore aux machines. Quoiqu'on en pense, qui peut faire abstraction (inconscient compris) de l'aspect physique dans la recherche de l'âme soeur ? Que ce soit dans une soirée entre amis ou sur internet, l'apparence physique est primordiale dans l'écrasante majorité des cas.

J'ai fait le test, en contactant 25 candidates par email via l'interface du site de rencontre. Je venais de créer mon profil, et mes photos et mon descriptif "libre" étaient alors en "cours de validation" par une équipe de modérateurs. J'en conviens, mes mails n'étaient pas particulièrement géniaux, drôles, vendeurs ou de type "aggressif commercialement", mais sur les 25 - 8 nons encore lus à ce moment, je n'ai reçu que 2 réponses cordiales certes mais laconiques, je dirais presque "de respect pour l'effort". J'attribue cet echec cuisant et frustrant (cliquer toutes les 3 minutes pour vérifier si aucun message n'est arrivé, quel sacerdoce), au manque de photo plus qu'au manque de descriptif. A suivre...

Des marchés alternatifs peuvent s'établir, si l'on part du constat par exemple que les profils sans photo sont ceux de personnes désirant autant l'adultère qu'autre chose. Certains se spécialisent sans doute dans ce créneau. Il est très facile de prouver cet état de fait : selectionner dans la recherche sa région puis uniquement les candidates ayant un statut "marié" : pas ou très très peu de fiches avec photo...

Le choix du pseudo : primordial !

Certains internautes n'ont pas encore intégré le fait que le web réduisait les champs de perception (trajectoire du regard sur une page) et que les premiers éléments textuels, les premiers écrits, ont une signification importante. Or le pseudo apparâit souvent au-dessus ou en dessous de la photo (ou du cadre reservé à son emplacement), en bonne position c'est-à-dire généralement en haut et à gauche.

Or, afficher comme premier référant "poupoune", "mimolette_75", n'est pas très flatteur. De même, mais sur un autre registre, pour les abbréviations ou les mélanges chiffres et lettres, on le comprendra souvent motivés par la necessité d'avoir un pseudo faisant suite à 514 même propositions précédentes (ce qui, j'y reviendrais, rabaisse quelque peu l'égo > dans la masse et le volume d'internet, nous ne pesons pas bien lourd, et donc, sommes-nous prêts à nous soumettre à la loi du plus fort, à la loi de l'offre et de la demande ? Accepter cette intégration rabaissante "karine78451" plutôt que de passer 5 minutes à se trouver un pseudo plus unique ?

Sur le domaine du nom, il y a d'autres cas de figure, comme les associations : au domaine financier (combien de pseudo comportant DIOR, CHANNEL ?, associations symboliques (trait de caractère : jalouseyvonne, christinesympa...)

Les éléments des sites de rencontre : la loi de l'offre et de la demande.

Une fois lançé dans le grand bain, c'est un drôle de sentiment, soit euphorique (pour les chasseurs), soit de panique (pour les ceusses qui pensaient trouver un outil à dimension humaine). Or, non, quand un site se targue d'afficher "vous êtes 25 000 en ligne dans 89 pays", l'aspect humain est forcément mis de côté. Il en va de même lorsqu'on utilise les outils de recherche afin de dénicher l'ame-soeur : s'ensuivent des dizaines, voire des centaines de pages de résultats, selon sa région, sa ville et ses critères de selection bien entendu. Commence alors l'effeuillage des pages, et parfois des profils présentés. C'est comme au marché. Tout est là, sur le catalogue, "y'a plus qu'à". Un clic, un email, un tchat, tout est mis en oeuvre pour proposer diverses approches, même des gadgets comme "je flash sur elle" qui se traduit par le bouton "flasher". Un minois vous plaît ? Flashez sans hésiter ! Qui se souvient de la parodie de "Tournez Manège" par les Inconnus ? Là, c'est un peu le même sentiment, partagé par certaines candidates qui affichent clairement sur leurs profils ne plus préter attention à tous les mâles qui flasheraient sur leurs profil. Les moins romantiques diraient "t'es bonne", les autres "vous me plaisez". Le pire (!) c'est que tout le monde peut voir combien de personnes ont déjà flashé sur un profil. C'en est souvent ridicule.

Or donc, la loi de l'offre et de la demande, que dit-elle ? Statistiquement, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Et pourtant, elles sont littéralement prises d'assaut par la gent masculine. A tel point que des files d'attentes virtuelles s'instaurent, il faut alors s'assurer de faire mouche au premier contact sans quoi il va être difficile de revenir dans la place. Et là, encore, s'invite la pression, le sress de devoir etre bon, mais contrairement à une situation réelle de visu, sur un seul critère, le plus ténu, le plus complexe, le plus vicieux : la pensée. Je m'explique :

Dans une situation réelle, les paroles échangés sont convoyées par un système complexe d'organes qui confèrent à pratiquement tout un chacun une voix unique. Il en va de même pour le regard, pour les émanations chimiques olfactives (phéromones et compagnie), pour la texture de la peau, etc Devant l'écran, seul les yeux sont sollicités, et ce qu'ils lisent n'est en rien différent, visuellement parlant, de ce qu'ils lisent depuis 2 heures. Seul la sémantique peut changer, la grammaire, l'orthographe, le style (et c'est déjà beaucoup, j'en conviens). Mais l'angle d'attaque, tout de même, est ténu. Puisqu'il faut gagner l'attention de la belle, il va falloir user de tout l'art du marketing, de la stratégie, de l'art de la guerre. Puisque la belle risque d'être sollicitée de toute part (chat, email, flash etc) il faut à tout prix mobiliser son attention rapidement. Exit les formules de politesses et autres convenances. Frapper vite et fort. Or, à ce sujet, il n'existe pas 40 000 façons de lancer une discussion.

Il existe sur la marché pléthore de sites et de e-books qui déclarent prodiguer les bons conseils pour (entre autre) bien réussir cette phase primordiale.

La miséreuse condition humaine

Affichés sur certaines photos des profils : sourires forcés, angles de prise de vue si peu naturels qu'on se dit que cela cache quelque chose (et donc : complexes, pas bien dans sa peau etc), regard triste, voire éteint : des personnes sont en souffrance morale, victimes de la solitude, et en plus leur mal-être saute au regard de tous les internautes. Le catalogie d'espérance se transforme alors en apologie de la dépression.

Idem pour les descriptifs, dont la forme n'a souvent d'égale que le fond : fautes d'orthographes, langage style sms, vocabulaire pauvre et expression médiocre viennent ainsi parfois émailler des banalités affligeantes (et comment en serait-il autrement, puisque nous venons déjà de feuilleter 10 pages de profils ?!)

Quant aux champs descriptifs pré-rempli, il y a de tout, assez souvent en dehors de toute logique, sous l'aspect "mon descriptif n'est pas très flatteur mais je cherche quand même la perle rare", voire pire "je suis une vraie peste parfois mais il faut savoir m'apprécier pour ce que je suis"...

Le fond du problème :

En uniformisant l'approche d'un évènement qui se doit, par essence, d'être riche et unique (rencontres fortuites, riches en sensations), Internet banalise le sentiment de déni de l'individu noyé dans la masse. En offrant (en monneyant) la possibilité à des individus de rencontrer d'autres personnes qui peuvent partager des points communs, de son domicile, coupe littéralement tout lien social. L'approche même de faire de sa quête amoureuse sur internet un processus d'activité hobby à part entière (combien de candidats passent ainsi des heures par soir - quand ce n'est pas sur le lieu de travail -) pour filtrer, trier, répondre et consulter d'autres profils de personnes dans leurs situation, et qui pourraient plutôt être en terasse de café, au restaurant, aux concerts etc D'aucuns rétorqueront "s'il avait fallu que j'aille prendre un café avec chaque profil avec qui j'ai échangé pendant quelques temps, je serais déjà ruiné", mais cet argument ne tient pas, puisque les contextes et les environnements ne sont pas du tout comparables. Or, on veut nous faire croire qu'on a plus le temps, qu'on est stressés par le travail, par le train de la vie, qu'avec ces sites de rencontres, on a enfin un outil qui permet de gagner du temps (quelle tragédie ! gagner du temps en selection sentimentale).

Evidemment, une foule d'autres facteurs se cachent derrière. La société actuelle n'a pas trouvé mieux que de chercher à tout prix à briser le lien social pour continuer à se développer. Ainsi, un célibataire consomme plus. Un couple qui se sépare, c'est un nouveau foyer à trouver, c'est un nouvel équipement electroménager, hi-fi et autres à acheter. C'est des produits de consommation conditionnés sur mesure (parts individuelles). C'est la fragilité sociale et individuelle entretenue à tous les niveaux. C'est la dé-cérébration de la société, la dé-responsabilisation de l'individu jusqu'à sa déshumanisation : mesures préventives et répressives sur les sujets comme l'alcool, le tabac, la nourriture trop riche...

Personne ne se plaint qu'il y ai autant de célibataires dans la société. Qui s'en plaindrait ? Les célibataires endurçis font marcher les commerces (anti-dépresseurs, anxiolitiques, tabagisme, alcoolisme...) que les couples sont encouragés à ne plus fréquenter.

Or, comment en ressort-on ? Déçu, frustré ? Mais cela n'empêche pas d'y retourner. La machine à nombrilisation a semée sa petite graine en vous, ou l'a faite germer plus vite : "Allez vite voir qui s'intéresse à vous !", "Je sais que tout le monde aime me regarder", sont des exemples de flatterie et de séduction. Flatter l'égo, voilà ce qui est important, flatter l'égo des membres afin qu'ils se sentent valorisés, alors qu'ils ne sont rien d'autres qu'une référence dans une immense base de données.

LES OUTILS DE COMMUNICATION AU SERVICE (?) DE LA COMMUNICATION ?

Messageries instantannées. Webcam. Tchat, communication en temps presque réél. Illusion de communication instantanée. Comment instaurer un climat serein à l'heure où les internautes partagent leur temps de communication entre plusieurs interlocuteurs. On peut dans la vie suivre plusieurs conversations à la fois, certes. On peut dans la vie, cesser séance tenante de parler à son voisin lorsque le téléphone portable sonne : cet apparteil à le don d'annexer à lui, d'accaparer toute l'attention de son propriétaire, quoi qu'il soit en train de faire. Même si c'est pour déclencher la messagerie ou couper le téléphone, la curiosité a été la plus forte, il a fallu regarder, s'informer sur la nature de l'appel. Au cas où. Un imprévu. Un accident. Un proche à secourir. Une bonne affaire à saisir, un contrôle de police à éviter, que sais-je encore ? C'est toujours "au cas où", dans l'hypothèse d'une vraie raison gravissime, que trouve la justification de ce portable, qui, dans 99% du temps, ne sert qu'à échanger des banalités et à se décharger de bien des corvées mentales (Ex de conversation: "tu viens chez moi à quelle heure ?" "A huit heures ça te va ?" "Ok à tout à l'heure alors. Tu as de quoi noter le digicode ?" "T'inquiète je te rappelerai en bas de chez toi") Petit à petit, mû par la technologie, l'appareillage technologique assure son emprise sur une partie toujours plus importante de la population, l'annexe et la deleste de sa jugeotte. Services annexes, GPS, messagerie, tchat, internet, logiciels embarqués, plus rien ne stoppe les appareils personnels, véritable couteaux suisses high tech et urbains. Lorsqu'on est sur meetic on passe vite à un vrai logiciel de messagerie instantané comme MSN qui permet plus d'échanges et d'interactions. J'ai été surpris au début (quel agneau innocent) de voir que les interlocuteurs mettaient autant de temps à me répondre. Puis j'ai compris qu'ils faisaient autre chose bien sûr, en même temps que me parler. Puis j'ai réalisé que l'on pouvait communiquer à plusieurs, chaque interlocuteur ayant sa fenêtre à l'écran. Donc, je parle à deux ou trois personnes en même temps, enfin, simultanément, qui me répondent, elles aussi, après ou avant avoir répondu à leurs propres interlocuteurs. Et là on se demande : combien de personne, en tout, sont liées à cette conversation qui me semble pourtant unique avec l'interlocuteur X ? J'ai 3 interlocuteurs en léger différé, combien en a X ? Les 3 de mes connexions ont elles aussi d'autres conversations en cours ? et combien ? Quel est le but de tout ça ? Le concours de celui qui gère le plus de connexions et conversations simultanées ? Le but est-il de gagner du temps ? d'écrémer le plus de prétendants possible, de faire une selection parmi cette dizaine de sujets masculins qui font clignoter mes voyants de messagerie au fur et à mesure, comme le tableau de bord d'une machine folle qui s'affolerait de façon exponentielle ? Mais, si je cherche à faire une selection en mobilisant aussi peu d'attention à chaque cas individuel, comment être sûr d'opérer un mode qualitatif à cette activité ? Je prends donc le risque de passer à côté de candidats pourtant intéressants... Quelle joie de voir appliquer par des humains ce qui pourrait n'être imputable qu'aux machines ! Celui qui te parle à l'autre bout ne fait pas grand cas de ton âme mon ami. C'est comme s'il te parlait sans te regarder dans les yeux, sans prendre le temps d'écouter autre chose que ce qu'il s'attend à écouter (les automatismes de discussions de ce type... vous avez dit Intelligence Artificielle ?) Celui qui est à l'autre bout te fait poireauter parce qu'il veut tout ; te parler à toi, mais aussi parler à Y et à Z voire plus, il ne faut surtout perdre une miette du gateau virtuel. Et toi, en bon soumis, tu acceptes. Certains, pour se donner le change, font pareil, entretenant et amplifiant ainsi le léger différé dans la (sic) communication. Au moins, ils ne sont pas le dindon de la farce... Mais toi, tu acceptes, et tu attends, là devant l'écran, à regarder hypnotisé la littérature des machines te renseignant sur ce qui se passe, car il ne faut surtout pas que tu aies l'impression qu'il ne se passe rien ! Donc, tu lis des messages informatif, comme "xxx est en train d'écrire un message", mais tu as appris que le destinataire n'était pas forcément toi. Donc tu attends, un peu désillusionné. Quand ça vient, c'est jamais de la grande prose. Forcément, il faut faire le tour des correspondants, essayer quand même (par respect ? - pffff- ) de faire vite pour ne pas risquer de perdre des prétendants (sait-on jamais), et donc c'est souvent laconique, souvent un cran en deça des attentes, souvant en retard sur la converstation, car en plus il ne faut pas perdre de temps à relire ce qui a été dit, et du coup il y a parfois des redites. C'est quand même vexant. Imaginez un homme en face de vous, qui écouterait une phrase, parlerait à son téléphone toujours devant vous, puis prendrait son stylet pour écrire un truc sur son pocket desktop, avant de se retourner vers vous en demandant où vous en étiez de la conversation. On est ainsi prêts à accorder plus de patience à ce mode de communication virtuelle au nom du protocole ? L'utilisation de la webcam est un phénomène autrement jouissif : au moins, on lit, on voit, et souvent on entend. On a donc l'impression d'être avec la personne, dans son intimité. On peut penser que la personne vous accorde ainsi toute son attention. Las ! Même s'il n'est pas possible en mode simple de faire des visio-conférences, une personne peut très bien communiquer avec vous via la caméra (image + son) et continuer à pianoter au clavier. Reste à vous faire croire qu'elle travaille ou vous déclarer franchement qu'elle continue de tchatter avec d'autres prétendants. C'est bien sûr très vicieux, car si vous êtes avantagé en sachant que les autres ne savent pas ce qui se déroule avec leur interlocutrice, rien ne vous dit qu'à votre tour vous n'êtes parfois simple utilisateur aveugle quand votre interlocutrice se livre à la webcam d'un autre. Pour s'en assurer il suffit de demander systématiquement une conversation webcam, ce qui peut être génant temporairement si la vidéo est déjà en cours d'utilisation. Reste à savoir qui va en subir les frais : l'interlocuteur voyant-voyeur à qui l'interlocutrice dit qu'elle va stopper pour raison x ou y, ou vous en pretextant que la webcam n'est pas branchée ou plus simplement que par coquetterie la dame ne veut pas se montrer ? S'ensuit l'attente interminable de savoir qu'une discussion a lieu dans son dos. Avec tous ces petits détails qui vous ont déjà plus, et qui commencent à s'imprégner en vous : regards, expressions, attitudes... Une virtuelle jalousie s'empare de vous. Manquait plus que ça. Aucune parade : c'est l'accepter, ou rompre, ou l'ignorer aveuglement. Encore une fois, impossible d'avoir la certitude de quoi que ce soit. Et plus on devient au fait des us et coutumes, et des techniques, plus l'amertume se fait ressentir. Bien sûr, on noue des contacts, pour le moins. Mais ces contacts passent par une phase de pré-selection plus ou moins longue qui ne laisse pas le temps aux sentiments de s'installer. Tout est dans l'urgence, l'automatisme. Certains compensent en étant hyper sensibles sur le réseau, à fleur de peau pour mieux tenter de sentir leurs interlocuteurs. Globalement, l'automatisation des process permet au plus grand nombre d'accéder à cette forme encore relativement nouvelle de communication. Globalement, sur le nombre de communiquants, il y a forcément (mathématiquement) des résultats. Mais ces gens que nous cotoyons, que nous connaissons de près ou de loin, qui ont utilisé les outils, quel prix ont-ils payés ? Sur quelles notions, sur quels "grands principes" se sont-ils assis, pour arriver à dénicher l'âme soeur ? N'ont-ils pas pris le risque de cotoyer la dégénérescence de la société ? En s'abaissant à utiliser ces canaux de communication, n'ont-ils pas cautionné ce qu'ils reprochent par ailleurs ? Manque de respect, tricherie, mensonges, manipulations... l'outil ne génère pas ces manifestations lui-même mais permet de les utiliser plus facilement, ce dont (des faisant les) individus ne se privent pas. Avec toujours cette culture de l'égo et du repli sur soi, petite forteresse nombriliste si facilement prenable ? La différence majeure est donc le facteur temps. Ces outils, servis par une adoption massive de leurs principes, permettent ainsi de gagner du temps. Mais dans le pire des cas. Le temps gagné n'est pas à la hauteur du temps perdu. Car dans le processus de découverte de l'Autre, tout est livré plus ou moins en bloc, sans logique, tel un pêle-mêle de déclencheurs de sentiments. Aucun temps n'est laissé à l'assimilation. A l'instar d'une drogue, c'est le plus rapidement possible qu'il faut se connecter. C'est un jeu, d'adultes, mais dont le fondement comme pour tout jeu repose sur la satiété égoïste. Avec ces moyens de communications synchrones et asynchrones, la satisfaction enfantine et facile d'avoir ce qu'on désire (et si ce n'est toi l'élu qui m'est présenté par le réseau c'est donc ton frère) rapidement et sans contraintes. Pendant que les enfants regardent les dessins animés, les adultes tchattent sur le web. Même chose : des images, des sons parfois, faussement partagés et plutôt présentés d'un émetteur vers un recepteur, puis vice versa, car l'information n'est pas en temps réél, et que pour vraiment échanger/partager il faut être dans une autre posture que passivement installé dans son lit avec un portable sur les genoux. Ils parlent de choses qu'ils ne comprennent pas. Car ils n'ont pas conscience qu'il faut prendre du temps pour comprendre.

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